DE HENRI III. [i-Ï87]                           ^9
voulant entendre le meurtre tout frais du capitaine La Pierre, par ce duc : ce prince ayant opinion que Ia tem­porisation qui a causé sa ruine lui étoit utile et néces­saire.
Le samedy _«5, le duc de Nevers partit pour aller prendre possession du gouvernement de Picardie (0, que le Roy lui avoit nouvellement baillé.
En ce même mois d'avril, Castillon en Gascogne fut repris par le vicomte de Turenne, et remis sous l'obeissance de ceux de la religion, qui se vantoient d'avoir plus fait avec une livre de poudre, et en une heure, que le duc de Mayenne en trois mois avec toute son artillerie (a).
Le premier may, soixante tant presidents que con­seillers allerent au Louvre, faire remontrances au Roy sur ce qu'il avoit déliberé de prendre les deniers des­tinez au payement des rentes de l'hostel de ville, pour le quartier échéant le dernier juin de cet an. Ils lui re­présentèrent hautement que les veuves et orphelins, qui avoient tout leur bien sur la ville, crieroient contre lui, et demanderoient vengeance a Dieu [ de ce qu'il leur retiendrait les moyens de vivre, et avoir du pain en un temps si sec et misérable;] que pour payer les cinq cent mil écus qu'il vouloit prendre, il y avoit bon moyen de les recouvrer ailleurs, en prenant le quart du bien de quelques-uns qui du commencement n'a-
(-) Gouvernement de Picardie : Le prince de Condé étoit gouverneur de cette province ; mais on ne lui permettoit pas d'en faire les fonc­tions. (-) Son artillerie : Ce fut le 10 de mars que le vicomte de Tu­renne reprit Châtillon par escalade. Le siége fait par le duc de Mayenne avoit coûté au Roi quatre cent mille écus, et il n'eu avoit coûté au vicomte qu'une échelle de quatre livres. Cela fit dire par raillerie que les huguenots étoient meilleurs marchands que le Roi.
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